Mercredi 11 octobre, la Fondation L’Oréal, en partenariat avec l’Académie des sciences et la Commission nationale française pour l’UNESCO, décerne le 17ème Prix Jeunes Talents Pour les Femmes et la Science France 2023 à 35 jeunes chercheuses.

D’une part, ces scientifiques prometteuses vont se voir attribuer une dotation qui les aideront à poursuivre leurs travaux de recherche. D’autre part, elles vont bénéficier de formations en communication et en leadership.

© Nicolas Gouhier

 

Parmi les lauréates, deux brillantes massicoises  : Achrène Dyrek et Laetitia Grabot.

Achrène Dyrek ©Clémence Losfeld – Fondation L’Oréal

 

Achrène Dyrek, fait ses recherches en Astronomie/Astrophysique. Elle étudie l’atmosphère des exoplanètes avec les missions spatiales James Webb Space Telescope et Ariel. En 2023, Elle a relevé le défi insensé de détecter, pour la première fois, des photons nous provenant d’une exoplanète rocheuse et tempérée comme notre Terre. La grande ère de la caractérisation des planètes comme la nôtre est lancée !

Quels sont les enjeux à court et à long termes de vos recherches et leurs applications ? 

Nous voulons tous savoir si nous sommes seuls dans l’Univers. L’observation de l’atmosphère d’une exoplanète nous permet d’en savoir plus sur sa formation et son évolution, ainsi que sur les conditions de température, de pression et de chimie qui y règnent. À long terme, ces réponses nous permettront de caractériser les exoplanètes connues à ce jour, pour comprendre l’unicité de notre système solaire et évaluer les conditions d’habitabilité.

Pourquoi avez-vous choisi une carrière scientifique ?

L’astronomie a toujours fait partie de ma vie et j’ai toujours été autant émerveillée par l’observation et par l’outil qui le permet, le télescope. Après des études scientifiques, lors de mon stage de fin d’étude d’école d’ingénieur au CEA, j’ai eu alors l’opportunité de travailler sur le plus grand télescope au sol jamais construit, le futur Extremely Large Telescope (ELT), et j’ai senti une forme de résonance qui s’est traduite en vocation : devenir astronome. C’est ce qui a guidé la suite de mes études jusqu’à mon doctorat.

Que peuvent apporter les femmes dans la science ?

Un laboratoire de recherche doit être représentatif de la société, il s’agit de faire une science pour la société et non de créer des lieux clivés et accessibles selon certains critères privilégiés comme celui du genre. Cette réflexion s’étend également à l’ensemble des minorités.

 

 

 

 

Laetitia Grabot – ©Clémence Losfeld – Fondation L’Oréal

 

Laetitia Grabot est aujourd’hui en post-doctorat à l’INCC Paris Cité, elle étudie les Neurosciences. Elle a suivi un cursus d’ingénieur, spécialité physique/chimie, puis a choisi de se spécialiser dans les neurosciences cognitives. La raison ? Son intérêt pour le cerveau et ses capacités à jongler avec la perception sensorielle, l’attention, le langage, la mémoire… Ses travaux visent à fournir un nouvel outil à la communauté scientifique pour tester des hypothèses sur la dynamique spatio-temporelle de l’activité cérébrale.

Quels sont les enjeux à court et à long termes de vos recherches et leurs applications ?

Je m’intéresse à un aspect particulier du cerveau : le déplacement des oscillations cérébrales, un signal impliqué dans tous les aspects de la cognition, à la surface du cortex. Je travaille sur un modèle mathématique qui permet de les étudier sans techniques invasives. Le résultat devrait ouvrir de nouvelles voies de recherche pour mieux comprendre le fonctionnement du cerveau mais aussi améliorer les performances des interfaces cerveau-machine.

Pourquoi avez-vous choisi une carrière scientifique ?

Les sciences et particulièrement la biologie m’ont toujours intéressée, et j’ai voulu assez rapidement faire une carrière dans la recherche scientifique. Au collège, j’ai même eu la chance de faire un stage dans un laboratoire d’anthropologie, ce qui m’a donné un premier aperçu du métier de chercheur !

Dans votre parcours, avez-vous rencontré des difficultés particulières en tant que femme ?

De manière générale, nous sommes desservies par une éducation genrée et des codes qui nous desservent. Les femmes ont appris, par exemple, à s’effacer et à ne pas s’imposer, alors que la compétitivité du milieu académique récompense ceux qui prennent de la place et qui savent vendre leurs idées.