Aussi appelée « nuit des sorcières », c’est en quelque sorte un Halloween inversé, le pendant de Samhain. Au lieu de s’enfoncer dans l’hiver, il s’agit là de renaître au printemps, à travers par exemple la plantation de l’arbre de mai ou l’embrasement de grands feux de joie

La lumière chasse les ténèbres, la chaleur chasse le froid, la vie reprend ses droits !

On retrouve cette nuit du sabbat dans la mythologie germanique, les sorcières faisant la fête pendant cette nuit, dans le massif du Brocken, situé dans le Harz (Massif d’Allemagne centrale).

Dans l’ancienne Germanie, on croyait qu’à cette date (qui correspond aussi à la fête celte de Beltaine, les divinités païennes du printemps (dieux et déesses de la fécondité) se répandaient dans la nature pour mettre fin à l’hiver.

L’Église tenta de discréditer cette fête en transformant les divinités en « diables » et (surtout) en sorcières. De là procède le caractère « magique » et « sulfureux » de la Walpurgisnacht.

La tradition des feux et des rondes fut cependant maintenue, avec l’idée de chasser les sorcières, émanations du Mal.

Cette fête néo-païenne européenne tire son nom de Sainte Walburge (710-779), une religieuse originaire d’Angleterre, qui fut la dirigeante du couvent de Heidenheim, situé dans l’ancien royaume de Wurtemberg.

A sa mort, son tombeau devint vite un lieu de pèlerinage, on lui devrait également des guérisons miraculeuses, ce qui, pour certains, peut s’apparenter à de la magie, voire de la sorcellerie.

Sa canonisation ayant lieu un 1er mai, elle sera donc tout naturellement associée avec la nuit des sorcières.

On retrouve cette nuit de Walpurgis dans bon nombre d’œuvres, comme le « Faust » de Goethe, les œuvres de Gustav Meyrinck, Sheridan Le Fanu, Bram Stoker, etc. Ou encore Paul Verlaine (Nuit du Walpurgis, Poèmes saturniens, 1866).

Mais aussi dans la musique, comme « Die Erste Walpurgisnacht », Op.60, de Mendelssohn cliquez-ici pour écouter le morceau

Faisons le tour de toutes les festivités liées à la nuit de Walpurgis.

ALLEMAGNE
En Allemagne, la Walpurgisnacht est une fête populaire attirant de nombreux touristes. Elle donne lieu au rassemblement de sorcières et de mages pour faire sabbat, c’est-à-dire participer à des rituels communs suivis d’un banquet en l’honneur de la magie.

BELGIQUE
En Belgique, plus précisément dans le Condroz, durant les mois de mars et d’avril, sont organisés des Grands Feux. Ces festivités sont organisées dans différentes localités, on peut notamment citer le Grand Feu de Bouge (Namur).

RÉPUBLIQUE TCHÈQUE
En République tchèque (Bohême, Moravie), on fête Pálení čarodějnic ; les enfants se déguisent en sorcières. À la tombée de la nuit, des feux sont allumés dans les campagnes. Les gens dansent et chantent autour pour célébrer le retour des beaux jours. C’est également l’occasion de faire griller des saucisses et de boire de la bière.

ROUMANIE
En Roumanie, et dans certains pays de l’Est, tous les esprits maléfiques, fantômes et vampires, sont de sortie et se livrent à des bacchanales infernales, dangereuses pour tout mortel qui les découvrirait.

FINLANDE
En Finlande, la Vappu est l’une des plus grandes et importantes fêtes populaires de l’année. C’est l’occasion, en particulier pour les étudiants, de s’amuser en buvant du vin pétillant ou du sima.

À Helsinki, la tradition veut que les étudiants nettoient la statue Havis Amanda sur la place du marché (sur le port face à l’hôtel de ville) avant de la coiffer de la casquette blanche des étudiants. Les festivités incluent aussi un pique-nique le premier mai dans les parcs des villes (comme Kaivopuisto à Helsinki).

SUÈDE
En Suède, on fête Valborgsmässoafton ou Valborg.

Les branchages de l’hiver passé sont rassemblés en de grands bûchers qu’on allume sur les collines. Les gens chantent des chants traditionnels sur le printemps. Le repas qui suit comprend notamment du saumon mariné à l’aneth avec du schnaps.

Les étudiants font des discours sur l’arrivée du printemps et les chorales (masculines) chantent les hymnes de printemps classiques devant l’université et le feu. Les parcs de chaque ville sont remplis de gens qui viennent regarder le feu, écouter les chansons et faire la fête.

Le feu de joie est alimenté par toutes les vieilleries qu’il convient de brûler pour permettre à la nouveauté de s’installer. Tout y passe, du carton de déménagement au vieux meuble usé en passant par les branches mortes brisées par le poids de la neige ou le souffle du vent…

UKRAINE
En Ukraine, selon les légendes, les sorcières se rassemblent sur la Montagne Chauve à Kiev. C’est cette légende qui a été mise en musique par Moussorgski dans son célèbre poème symphonique « Une nuit sur le mont Chauve » (1926) cliquez-ici pour écouter le morceau  

Et en FRANCE, me direz-vous ?
Bon nombre d’entre vous doivent connaître la fameuse « nuit des sorcières » (« Hexennacht ») qu’on retrouve en particulier en Moselle-Est (Hexennaaten ou Hexenaa(ch)t), Basse-Alsace (Hexennacht), et Haute-Alsace (Haxafacht).

À une certaine époque, pendant les 9 jours qui précédaient cette fête, l’Eglise faisait sonner les cloches, et les villageois sillonnaient les rues du village en faisant beaucoup de bruit, pour chasser les sorcières.

Parfois même, on aspergeait sa propriété d’eau bénite ou on y plaçait du sel bénit.

C’est également une fête très joyeuse qui donne lieu à moultes espiègleries : on déplace des objets plus ou moins gros, on fait un certain nombre de farces plus ou moins grossières (poutre posée contre la porte d’entrée, fumier empilé devant une porte, etc.).

Les enfants participent, ils sortent dans les rues et enveloppent les arbres de papier toilette, jettent des œufs contre les façades…

Une mère mosellane a raconté par exemple qu’un ami avait posé dans la nuit un grillage juste derrière sa fenêtre. Elle l’a découvert au matin, avec une tête de sorcière. Drôle de réveil !